Bon si tu as lu les 3 premiers articles, tu seras d’accord avec moi, l’histoire du hip hop US t’a semblé plus familière que celle du hip hop français ? Est-ce normal ? Une question se pose : pouvons-nous parler du Hip-Hop sans évoquer nos maîtres du son, ceux qui nous ont fait vivre des moments intenses à travers leurs sélections musicales ? Si je te pose la question, c’est parce que rares sont les DJ qui sont mis en avant par rapport aux danseurs ; les DJ sont comme les gardiens d’une équipe : solitaires, exigeants et surtout sans limites et si indispensables mais qui ne pourront espérer devenir ballon d’or. Ils sont ceux qui nous font découvrir des sons shazaman du verbe shazamer qui sera bientôt dans le petit Larousse et qui font en sorte de sublimer nos cercles et défis.Nous connaissons tous un son de battle qui peut difficilement être remis après avoir été marqué au fer rouge par un battle mythique, comme par exemple cette demi finale au second passage de Waydi et Icee durant le battle Summer Dance 2018 avec le son HEAR ME LOVE de INDIGO. Merci donc au DJ Yugson pour cette perle que je n’ai quasiment plus entendue en Battle et même, d'ailleurs , tous les sons identifiés Twinsytle.Nos DJ sont encore trop négligés, certains estiment qu’ils sont facilement remplaçables, qu’ils sont juste des ambianceurs de fête foraine et à qui on donne une bouteille d’eau pour toute la soirée. Pour info ou pour rappel, la majorité des Dj qui interviennent en battle sont totalement imprégnés de l’art de la danse car danseurs et/ou activistes de cet art.Nous avons déjà été témoins ou avons nous-mêmes fait cette demande qui parait pourtant anodine : "Peux-tu me mettre ce son ...... ou des meilleurs sons stp" .Afin d’être dans la peau de ce DJ que nous venons de déranger, voici une mise en situation.Imaginez que vous tenez un restaurant, des clients rentrent et font leur commande et après avoir été servis , viennent vous voir dans votre cuisine pour vous demander de faire une autre entrée ou de faire de meilleurs plats...Sans trop rentrer dans des détails ennuyeux, je peux facilement vous parler de cela car j’ai tenté l’expérience de devenir DJ : si je suis prof de danse aujourd’hui, je vous laisse imaginer la réussite de ma petite entreprise...Comme le blog l’indique, avant de parler du DJ du 21e siècle, nous devons évoquer la source et le cheminement des DJ de l’époque et pour cela nous commencerons par parler de DJ Dee Nasty qui est au même titre que Junior Almeida, un mythe de la culture Hip hop encore présent. Il est plus souvent appelé LE PARRAIN.
Dès 1978, il se retrouvera à San Fransico et y découvrira le HIP-HOP, il deviendra assez naturellement celui qui sera le lien entre la France et les États-Unis. Il y importera des disques et tout ce qui pourrait avoir un lien avec le hip-hop. Grâce à son importance et à son influence, il deviendra l’ambassadeur et le créateur de la Zulu Nation France.Ca carrière est bluffante, car DJ n'est que la partie émergée de l’iceberg.
L’un des faits marquants est lorsqu’il trouvera le moyen d’installer sur le terrain vague de la Chapelle, en 1986, un lieu d’expression pour danser, rapper, beatboxer et bien sûr mixer. Ce lieu est récurrent dans les livres d’histoire et n’aura duré que 6 mois. Il aura alors cristallisé un mouvement au-delà des préjugés qui sera dévoilé dans un futur blog.Il a également été DJ sur plusieurs stations dont Radio Nova avec Lionel D. Cette émission est un autre marqueur qui aura permis de populariser le rap en France : son apport est inestimable.Et pour finir sur Dee Nesty, qui a écumé tous les lieux importants comme le Bataclan , la Grange aux Belles (BATA) et le Globo, chacun de ces lieux a été marqué par les mixes de Dee Dasty. Tous les danseurs de l’époque vous diront la place privilégiée que prenait le DJ.Parlons maintenant d’un autre DJ mythique que j’appellerai le caméléon.
Monsieur DJ Chabin qui, à l’aube de ses 60 ans, reste incontournable. Pour preuve, voici une histoire qui m'a scotchée.Comme vous le savez, ce blogue est un véritable challenge, car poster un article par semaine malgré le contexte (vacances) est un réel sport. Pour que chacune des informations ne soit pas une interprétation ou un mix d’informations erronées , je m'efforce d'échanger avec les acteurs concernés de l'époque. La vie de DJ chabin est encore aujourd’hui remplie de projets comme le développement d’une Web radio, la préparation de show avec le collectif jeu de jambes et bien sûr des soirées. J'ai été perplexe face à cet emploi digne d’une vedette en plein essor. Mais après avoir lu le temps infini d’Oliver Oricar, j’ai compris que tout est une question d’organisation et de priorité. Cet emploi du temps symbolise surtout toute sa dimension artistique et sa « boulimie » du travail. Pour comprendre tout ça, repartons à ses débuts qui ne sont pas juste le fruit du hasard.
En 1976, il est arrivé dans le quartier des olympiades (Paris 13e arrondissement) dans lequel il y fera la connaissance de plusieurs voisins qui collectionnaient des vinyles ou dansaient. C’est par le biais de Josh qu’il verra les premières BOOM dans ce quartier.Avec toutes ses amies, il a créé un groupe appelé les Olympiades Funk Familly Band, surnommé les OFFB. Son groupe arrivait à l’émeraude et proposait aux gens de le suivre, ce qui animait les boites de nuit.Le 31 décembre 1979, il fit ses premières booms à la main bleue ce qui sera déjà une réussite. Cela le motivera à être DJ malgré son statut d'étudiant et une vie personnelle que nous pouvons considérer comme mouvementée. Il se fera alors un nom et mixera dans des lieux dits underground comme le Citadium dont il était résident et qui pouvait déjà accueillir plus de 700 personnes. Malgré cette réussite, il ne pensait pas à un plan de carrière car cela restait juste une passion. Or, tout s’enchainera assez rapidement et il se retrouvera au Bataclan avec plus de 1000 personnes.Son objectif était de rassembler un maximum de danseurs et les faire sortir des banlieues. Ces soirées étaient si intenses que toute la communauté l’avait encouragé à continuer.Même si les banlieues étaient remplies de boom, les danseurs préféraient être présents aux soirées de DJ Chabin.Les 10 premières années seront pour lui exceptionnelles car il a accueilli beaucoup de passionnés qui sont devenus par la suite des stars et des icônes du hip-hop français comme le secteur A, tonton David ,Joey star, Kool Shen et Dj Abdel, Etc.Autre moment important dans sa vie : en 1999 il sera présent pour fêter les 25 ans du hip-hop, événement international qui s'est déroulé à la villette avec tous les pionniers, dont les NCY aktuel force et Dee Nasty. Nonobstant le fait que tout le monde prédisait une mode, c'était pour lui une grande fierté.Durant toutes ces années, il a mixé surtout du funk et du jazz rock, tout en étant l'un des premiers à accompagner en musique les smurfeurs et breakdances, et ce, dès 1981 sur l'esplanade du Trocadéro. Sa polyvalence est un marqueur fort de sa carrière, car DJ n’est qu’une casquette. En effet, il était également animateur radio entre 1995 et 2008 sur Media Tropical, mais aussi sur Génération de 2000 à 2002.
L'une des particularités de l'époque est que le DJ et la MC (maître de cérémonie) étaient un duo à part entière, car lorsque l'un mixe l'autre rappe. Les MCs de l'époque qui l’accompagneront seront Sidney et un certain Mamadou du Rex Club, le même club où Junior Almeida venait défier tous les danseurs parisiens. Il faisait partie du collectif Jeu de jambes créé par Alex Benth en 2002 qui est l'un des meilleurs collectifs de Jazz Rock français. Il a participé également à des projets avec Mc Solar et Assassins et a fait partie de plusieurs Ep (projet musical). Son regard sur l’évolution du hip-hop lui a permis de voir à quelle vitesse la danse et le rap ont évolué dès les années 1984 et jusqu’aux années 2000, les Français seront numéro 1 en Europe mais surtout juste derrière les Américains. Or, le tournant des années 2000, comme le fait de danser dans les théâtres était à ses yeux une fausse bonne idée.
L’une des choses qu'il aime dire est que le hip-hop est devenu trop fragmenté, les disciplines trop séparées oubliant toutes les connexions essentiellement pour le développement de la culture hip-hop.Il eut la chance de découvrir le hip-hop à New York en y faisant des allers-retours et a donc su garder les fondations de la culture durant toutes ces années.
Et pour finir voici celui que nous pourrons appeler l'artisan de l'ombre Dj
DJ Farid est né à Argenteuil, a grandi au Val d'Argenteuil et à comme voisin et ami un certain Sidney H.I.P H.O.P, également originaire d'Argenteuil.
Passionné de musique soul et funk, il aura l'occasion d'être aux platines dès 1979 pour le plaisir de faire danser les quartiers. Assez vite, son talent et sa passion lui permettront de devenir incontournable jusqu'à devenir DJ résident. Paris sera pour lui un terrain de jeux de mixage comme le terrain vague de la chapelle en 1986 avec Dj deenasty. Il eut la chance de partager les platines avec celui qu’on pourrait surnommer le parrain Dee Nasty. Lionel D fut, durant un moment, membre de la ZuluNation, mais comme vous le savez, les guerres d'ego dans le hip-hop ne sont pas l'exclusivité de notre génération.Pour toujours mieux diffuser leur passion, Farid eut la chance de passer sur des radios libres telles que TSF, Beur FM, Radio 7 et beaucoup d'autres. Ses journées étaient rythmées comme du papier à musique, il retrouvait ses acolytes à la gare du Val d'Argenteuil en direction de la sensation du jour, qui pouvait être la Chapelle, le Trocadéro ou la salle Paco Rabanne et qui pouvait finir par un bâté où il pouvait rencontrer un certain DJ Morvin alias Joey star également danseur à l'époque.
Depuis 1988, DJ Farid n'est plus dans le hip-hop comme il aime le dire, mais il conserve un regard intact sur ce qui se passe.Je te propose maintenant un challenge, serais-tu capable de me donner ta recette du Dj parfait ?Poste en commentaire ta recette !
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